Un détective comme les autres

Un détective comme les autres
Le détective privé

In Viagra Véritas !

Pour tous ceux qui sont arrivés directement sur le blog, après l'histoire que vous allez lire, vous trouverez une petite jurisprudence née de mon travail sur le terrain.




Une cliente, un jour, par l'intermédiaire d'une avocate, vient me voir pour une affaire d'adultère.  

Son mari aurait une double vie depuis 7 ans environ et depuis qu'elle en a la certitude, celle ci lui a demandé le divorce. Ce faisant, dans la foulée, l'homme, sans rien avouer a quitté le domicile conjugal pour aller s'installer chez sa maitresse...

C'est donc mandaté par ma très chère cliente afin de prouver les faits, que je suis un matin de plus, en planque à la sortie du parking de l'immeuble de notre oiseau.

Quand enfin en milieu de matinée celui ci sort, seul, à pied, pour faire quelques courses dans le quartier.

C'est après un passage dans une pharmacie que celui ci passant près d'une poubelle publique jette du papier après l'avoir déchiré...

Je m'assure que mon bonhomme rentre bien chez sa maitresse pour me dépêcher de retourner à la poubelle récupérer ce mystérieux papier que je jette dans le top-case de ma moto sans trop y prêter attention de peur que le gars se tire en voiture.

J'avais des instructions de la part de ma cliente et c'est après l'heure du déjeuner que j'ai levé mon dispositif, sans revoir le bellâtre. Mais comme j'enchainais sur une autre affaire, le temps de manger un morceau et de m'y poser, je n'ai plus pensé à la fameuse feuille de papier déchirée et jetée à la poubelle par mon protagoniste.

Ce n'est que le soir tard en rentrant chez moi et en ouvrant le top-case de ma moto que j'ai retrouvé les morceaux de papier éparpillé.

Une fois posé à la maison, derrière mon bureau, j'eus la très agréable surprise de constater, une fois le document reconstitué qu'il s'agissait d'une ordonnance, provenant du cabinet de ma cliente et donnant délivrance à des boites, vous savez ces petites pilules bleues, qu'on appelle viagra? Avec la facture de la pharmacie imprimée dessus.

Ça voulait dire que soit, l'objectif avait obtenu de plein gré une ordonnance avec ma cliente, soit il lui en avait chapardé quelques unes avant de partir ou encore qu'il avait l'habitude de le faire depuis longtemps.

Le lendemain je téléphone donc à ma charmante cliente pour lui faire part de ma trouvaille  et lui demande si par hasard elle savait que Monsieur son futur ex, prenait du viagra prescrit avec les ordonnances de son cabinet. Elle me confirma qu'elle n'était pas au courant...

Quand son avocate fût en possession des éléments, elle avait la pièce maitresse pour faire plier le goujat! Car il faut préciser que cet homme avait été victime d'un léger infarctus 8 ans avant et que depuis tout ce temps il ne travaillait plus et n'en n'avait pas l'intention, sous ce simple prétexte. C'est donc aux crochets de sa femme, en plus de la tromper, qu'il vivait depuis toutes ces années et d'oser lui réclamer une indécente prestation compensatoire, alors qu'en plus sa nouvelle femme avait une situation encore plus élevée que celle de ma cliente. Personnage donc vraiment répugnant...

Mais avec cette ordonnance, qui était un document falsifié, nous avions un faux et usage de faux avec lequel le bougre, passait d'un simple divorce à son avantage, à une condamnation physique possible et pécuniaire certainement à l'avantage de ma cliente. 

Il ne restait plus qu'aux conseils des deux partis, de discuter d'un accord où notre cliente trouverait son avantage sans trop négliger celui de son futur ex-mari qui prit une douche froide en découvrant mon rapport...

Fin de l'histoire...


In Viagra Véritas !

CA Paris, 5 juin 2014, N°12/21390: JurisData N° 2014-012985
Observations: L'adultère du mari, qui a maintenu durant le mariage, une relation entamée auparavant avec une " amie ", justifie le prononcé du divorce à ses torts exclusifs. De plus, le mari a fait preuve de déloyauté en se prescrivant du Viagra au moyen de l'ordonnancier de son épouse! Dès lors qu'il résidait rarement à Paris et s'adonnait au nautisme à l'île de Ré dans leur résidence secondaire, sans contribuer aux charges de mariage, l'usage de cette spécialité révèle la nature de la relation qu'il entretenait avec cette " amie". Bien que l'appréciation des situations respectives des époux révèle un déséquilibre manifeste, le mari est débouté de sa demande de prestation compensatoire sur le fondement de l'équité. En effet, les circonstances particulières de la rupture nées de l'attitude gravement injurieuse et déloyale du mari qui se défendait de poursuivre une ancienne liaison tandis que le couple envisageait d'acquérir en indivision une propriété à l'île de Ré, totalement financée par l'épouse et alors qu'il ne justifie pas d'efforts entrepris pour la recherche d'emploi malgré sa qualification et son état de santé qui lui permettait d'exercer une profession ainsi qu'il avait fait durant plusieurs années après son accident cardiaque commandent de rejeter cette demande par application de l'article 270, alinéa 3. Enfin le mari est condamné à verser 4 000€ de dommages-intérêts sur le fondement de l'article 1382 du code civile: en raison de l'utilisation frauduleuse de son ordonnancier et des conséquences sur sa responsabilité professionnelles, l'épouse à dû avertir l'ordre et porter plainte.  

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